Parmi les jeux qui ont marqué durablement la vie des joueurs, on peut clairement citer la série des Warcraft, et plus particulièrement Warcraft 3. Sorti en 2003, le jeu s’est direct imposé comme une référence, fidèle à la réputation de Blizzard qui enchaînait les succès commerciaux et artistiques. Car, il fut un temps où le studio ne sortait que des chefs-d’œuvre, un temps où la firme n’hésitait pas à retoquer des projets entiers parce que décevants, plutôt que de les sortir en espérant compter sur la fanboyisation de sa communauté. Ainsi, on regrettera « Warcraft Adventures : Lord of the Clan » ou encore « StarCraft : Ghost » pourtant très avancés lors de leur abandon.
Mais on regrettera également que Warcraft 3 Reforged n’ait pas suivi le même destin, car il semblerait que le studio n’ait tout simplement plus le même niveau d’exigences…
Vous l’aurez compris, c’est une des (très !) nombreuses critiques salty autour de W3R, et ce n’est pas sans raison.
Vous voulez économiser 30€, ou bien vous conforter dans votre énervement ? Ne bougez pas.
Reign of « HD» – La refonte graphique
Une des grandes spécialités de Blizzard a toujours été les cinématiques. Dès Warcraft 1, le studio a proposé des animations d’une qualité et d’une précision absolument incroyables pour les époques. De Warcraft à Starcraft en passant par Diablo, dans les années 90, Blizzard dominait totalement le marché du JV par sa capacité à raconter et à mettre en scène des histoires. Une vraie esthétique était proposée (très largement pompée sur les univers de GamesWorkshop, mais c’est un autre sujet…), et c’est sans doute ce qui a fait la force des licences : le soin, la perfection quasi compulsive apportés aux graphismes.
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Avec l’arrivée de Warcraft 3, Bli² pulvérisait le game en mettant les RTS presque au même niveau narratif des RPG, mélangeant les genres et jouant à nous proposer le premier RTS animé de cinématiques et de cutscenes si immersives que l’on pouvait tout à fait couper les phases de jeu pour suivre une histoire. Et c’est clairement ce qui a constitué le socle du succès de la franchise Warcraft et permis de faire naître World of Warcraft.
Alors, quand Blizzard a annoncé non pas une mise à niveau de W3, mais bien une refonte complète ; quand le studio a bâti toute sa promesse commerciale sur des cinématiques et CS entièrement recrées, la commu’ était en folie. L’idée même de revoir des scènes aussi emblématiques que la purge de Stratholme ou l’assassinat de Terenas a été à l’origine de l’acte d’achat pour une majorité des joueurs.
Et Blizzard le savait, puisque je l’ai dit : toute la communication autour de cette refonte s’est basée dessus. Dans une bande-annonce tournant autour de la purge de Stratholme, nous découvrions une cutscene plus belle encore que celles de WoW. Mais voilà, une fois IG…
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(Vidéo comparant la cutscene de Startholme montrée à la Blizzcon et celle implémentée dans le jeu)
Et les vraies cinématiques, alors ? Si celle d’introduction au jeu – qui est d’ailleurs mise en avant pour la promotion – est bien entièrement refaite, les autres ne bénéficient que d’une meilleure résolution. La grossièreté des modèles graphiques et leur rigidité nous reviennent dans la tronche, avec la violence des 17 années de progrès techniques écoulés.
La meilleure illustration des limites de la nostalgie.
À noter qu’il y a bel et bien une refonte complète des modèles d’unité, héros, bâtiments et animations. Et c’est effectivement magnifique. Dommage que le delta entre le soin apporté à cette partie du jeu et le reste ne fasse que renforcer la déception…
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Reign of « bugs » – La quantité de lags, bugs et freezes du jeu
Vous étiez fier/fière de votre super config ? Vous allez très vite avoir l’impression de tourner sur la vieille bécane de tata Yvette, les innombrables barres Web en moins.
Peu importe la résolution que vous allez choisir pour le jeu, même en repassant sous les vieux graphismes (fonctionnalité proposée), armez-vous de courage parce que c’est parfois tout simplement injouable.
Sans aucune raison apparente, de façon totalement aléatoire, votre jeu va avoir de gros lags. Vous allez vous énerver quand vous voudrez juste buffer une unité, construire une tour ou bêtement déplacer la caméra. Et si le problème fait rager en mode campagne, en mode multi il est tellement exacerbé que se faire rouler dessus devient une mise à mort de trop mauvaise qualité.
Un peu comme si votre bourreau troquait une lame affutée contre un pauvre couteau à beurre. En plastique, le couteau.
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Le jeu lag tellement que les menus eux-mêmes rament comme pas permis. Et pour cause ! Un joueur a mis au jour l’incroyable micmac technique de ces derniers : il s’agirait d’une interface Web qui ferait tout simplement tourner Chrome en tâche de fond (?!).
Vous aviez l’impression de jouer avec 40 onglets Internet ouverts ? C’est (presque) le cas, comme le montre ce tweet.
https://twitter.com/colincornaby/status/1223073101312753664?ref_src=twsrc%5Etfw
Outre ces lags incessants, les bugs graphiques s’enchaînent. Ça clignote aux abords du brouillard de guerre, l’écran se zèbre de temps à autre de lignes vertes électriques et s’il n’y avait que ces ralentissements et autres problèmes visuels on pourrait considérer que ce n’est qu’une question de self-control. Mais il n’est pas rare que vous tentiez de lancer une game (en multi, ou en campagne), pour vous faire sortir sans raison ou atterrir sur l’écran de défaite.
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Lancement et écran noir interminables, temps de chargement ubuesques, freezes et crashs à répétitions… Comme le disait si bien Arthas « Ma patience a des limites ! »
Reign of « Ergonoquoi ? » – Interface et raccourcis aux fraises
Est-ce que la refonte d’un jeu ne serait pas le bon moment pour améliorer l’existant par rapport aux normes actuelles ? Pour Blizzard, il semblerait que non.
Si durant la Bêta on nous proposait une interface extrêmement efficace, apparemment, elle n’aurait pas été retenue et on se retrouve avec plus ou moins l’ancienne… en pire. La minimap est grossière, l’interface mange une trop grande partie de l’écran sans rien apporter et que dire des raccourcis ? Votre héros va avoir le même raccourci pour deux actions (logique, pratique, imparable !), et pour pouvoir changer cet état de fait, vous allez devoir modifier directement un fichier du jeu (comme à l’époque).
C’eut été bête de permettre de le faire via les menus, comme c’est déjà le cas pour la plupart des autres derniers nés de Bli².
Les menus sont d’ailleurs très discutables, la façon de naviguer dedans également. On regrettera au passage l’impossibilité de basculer le jeu dans d’autres langues – comme c’est très facilement faisable avec Heroes of the Storm. Un mode « VOSTFR » directement implémenté aurait franchement été une base à une époque où la plupart des joueurs – et geeks en général – préfèrent encore les voix originales.
Palme du foutage pour l’éditeur de maps de Warcraft 3 Reforged
En parlant d’interface, si vous espériez, comme c’est pourtant promis, un éditeur de maps repensé. Passez votre chemin : l’ergonomie est toujours aussi claquée, toujours aussi peu intuitive ; en un mot : identique à l’original.
Mais pour ce que les joueurs vont pouvoir en faire… C’est pas plus mal.
Reign of « Copyright » – Blizzard ne pardonne pas DOTA
L’un des plus gros scandales de ce Warcraft 3 Reforged est clairement la politique de Blizzard sur les contenus créés par les joueurs. Manifestement, Blizzard ne digère pas que le jeu DOTA (jeu issu de la création du mod « Moba » sur W3) ait pu leur échapper. Et au lieu de prendre la même voie que Bethesda en la matière (à savoir créditer et donner un pécule aux créateurs de mods), Blizzard verrouille tout et vous assure que chaque partie personnalisée que vous faites leur appartient exclusivement.
Et vous pouvez oublier toute mention de votre nom : si votre concept marche, vous êtes dégagés du process, Blizzard vous reprend ce qu’ils n’ont pas eux-mêmes été capables d’imaginer.
Là où W3 avait pu vivre et s’épanouir pendant pratiquement deux décennies grâce à la créativité des joueurs, W3R aura très certainement une durée de vie moindre, un avenir comateux très certainement du même ordre que Diablo3 ou Hots : des changements de saison sans challenge et plus aucune nouveauté.
Mais, ça sera un coma made in Blizzard, alors les gros bonnets seront contents !
Reign of « Campagne solo » – Oubliez le multijoueur et les parties personnalisées
Warcraft 3 est un jeu d’histoire. Mais c’était aussi un RTS… Eh bien on espère que vous aimez la campagne, parce qu’à ce jour (soit plus de trois jours après la sortie du jeu au moment où je rédige) il n’est tout simplement pas possible pour tout le monde de faire ne serait-ce qu’une partie personnalisée !
Certains y arrivent, en témoignent les parties que l’on peut rejoindre, d’autres non. Je fais partie de ces « autres », et outre le fait de ne pouvoir lancer une simple partie contre l’IA en toute décontraction, je suis obligé de tenter de rejoindre une partie créée par d’autres joueurs… si je ne me retrouve pas tout simplement à nouveau sur l’écran d’accueil quand j’essaie de la lancer.
Côté multijoueur, on attend toujours que Blizzard daigne mettre en place un système de MatchMaking. A ce jour, vous vous battez de façon aléatoire contre de gros noobs, ou bien des tryharders qui campent le jeu depuis 2003.
De quoi se faire rush sa base à peine votre premier héros créé, tout ça avec pléthore de bugs visuels et ralentissements, of course. Le couteau à beurre en plastique, vous vous souvenez ?
Reign of « Goodies » – Le désormais légendaire sens des priorités de Blizzard
On commençait à s’habituer à la manie qu’avait Bli² de proposer des contenus et goodies inutiles à leurs jeux, quand on était en droit d’attendre de réelles améliorations (coucou les combats de mascottes pour WoW), mais le niveau de WTF atteint de jolis sommets.
Rappel de la situation :
- Un jeu plein de bugs, de lags et de crashs
- Un GP pas particulièrement revisité, voire dégradé
- Des cinématiques à peine dépoussiérées
- Une interface mal fichue et mal codée
- Pas de Matchmaking
- Quasi-impossibilité de lancer une partie personnalisée
- Un éditeur archaïque qui ne permet que de bosser gratos pour Blizzard
Mais pas de panique ! Il est possible d’avoir des skins de héros personnalisés.
Dans l’onglet « Collection », vous trouverez une liste de portraits à débloquer à mesure de Hauts Faits dans le jeu, et quelques skins particuliers pour les héros. Pour les débloquer, rien de plus simple : acheter la version « premium » du jeu : Warcraft 3 Reforged Spoil of War.
Au programme : jouer à la poupée, faire le « kéké » avec une monture char à viandes dans Wow, et quelques autres microbonus pour les autres jeux de Blizzard. A 40€, on regrette que cette version ne propose même pas Warcraft 2 édition Battlenet, pourtant disponible à 10€ sur Gog (et moyen absolu de rentabiliser l’achat).
Warcraft 3 Reforged : Reign of fucking chaos – Epilogue d’un désastre
À peine trois jours après sa sortie, Warcraft 3 Reforged est clairement l’un des pires lancements de jeux de l’année, et peut-être même du studio.
Manifestement sorti beaucoup trop tôt (la faute à la pression des actionnaires Activision ?), c’est un jeu incomplet, bourré de problèmes et largement en dessous des attentes des joueurs. Attentes attisées avec complaisance par Blizzard durant plus d’une année. De quoi rappeler les travers de « feu » Peter Molineux…
Sur le site de Metacritic, W3R se fait dézinguer avec une note historique de 0.5, basée, au moment de la conception de cet article sur 16 651 critiques !
Sur Twitter, Reddit & co, les moqueries fleurissent. Le jeu est même renommé « Warcraft 3 Refunded », le hashtag et le visuel sont déjà sortis. Les mèmes vont bon train sur l’ensemble des points nommés, et les découvertes des joueurs ne cessent d’alimenter la gronde (à l’instar de l’information concernant l’interface).
Sur les forums de Blizzard, les joueurs qui indiquent la marche à suivre pour demander le rembourser se font bannir à tour de bras, tout ceci alors même que le studio reste désespérément muet, laissant cet énorme badbuzz prendre de l’ampleur.
Après les leaks – très polis – d’anciens devs de la boîte, après l’abandon de Chris Metzen, après l’échec d’Heroes of the Storm, la shitstorm de Diablo 3 mobile, et le mécontentement croissant des joueurs de Wow ; Blizzard ajoute à son palmarès une énième déception, une énième polémique.
Il devient clair qu’il ne s’agit plus d’un studio de passionnés ayant à cœur de créer des univers et des expériences de jeu, mais plutôt d’exécutants aux ordres de financiers pressés d’avoir leur retour sur investissement. Et ce ne sont pas les succès de Hearthstone ou d’Overwatch qui pourraient faire infléchir les nouvelles politiques de la boîte. Ni même le nombre de pigeons fans (moi inclus) qui ont acheté cet échec critique, mais hélas pas commercial.
On pourrait conclure par un lot de consolation : vous pouvez toujours jouer à l’ancien Warcraft 3… ? Mais le Client a été écrasé par la mise à jour, et vous aurez tout le plaisir de bénéficier des (trop) nombreux bugs.
Voilà de quoi alimenter l’idée que les gamers sont de gros rageux… mais peut-on vraiment (nous) leur donner tort ?